Le lundi 26 octobre 2020, de 14h à 18h, le CIRIEC France a fêté son 70ème anniversaire par une conférence animée par Catherine André, rédacteur en chef adjoint à Alternatives Economiques. ESS Forum International a assisté et participé à la conférence. L’après-midi d’échanges s’est articulé autour de deux tables rondes sur « Evolutiondumonde,mutationsdelasociétéetEtatsocial » et « Enjeuxetdéfiséconomiques,sociauxetenvironnementaux:quellesréponsesdel’actionpubliqueetdel’économiesocialeetsolidaire? ». Dans son discours d’ouverture, Patrick Bernasconi, président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), n’a pas manqué de souligner les similitudes entre le CIRIEC et le CESE, notamment en tant que structures qui se veulent force de proposition pour les pouvoirs publics. Alain Arnaud, président du CIRIEC-France, lui a succédé sur le podium en appelant à l’union des forces dans un monde en pleine crise. Les échanges ont ensuite été introduites par Jacques Fournier, président d’honneur du CIRIEC.
Lors de la première table ronde, Hélène Fauvel, présidente de la section de l’économie et des finances au CESE a présenté une photographie de la situation et des réflexions sur les pistes à venir en se basant notamment sur le rapport sur l’état de la France. Le constat est que la crise sanitaire a agi comme un puissant révélateur de fragilités existantes : les difficultés de cohésion sociale, les inégalités face au logement, la montée du chômage à la suite du confinement, une incapacité collective à surmonter la crise, ect. Elle a rappelé la nécessité des grandes orientations qui devront reposer, entre autres, sur les trois piliers du CESE (économie, environnement, social), et mener à l’élaboration d’un projet collectif qui place l’être humain en son cœur, loin du tout économique. Projet que l’Economie Sociale et Solidaire promeut en plaçant l’intérêt général au cœur de ses actions.
Nathalie Coutinet, économiste, Maître de conférences Université de Paris-XIII, souligne la fréquence à laquelle les crises économiques se produisent depuis quelques décennies, et l’incapacité de l’économie de marché à proposer des solutions pérennes. Jérôme Saddier, vice-président du Crédit coopératif, président de la Chambre française de l’ESS et administrateur d’ESS Forum International a choisi de mettre en avant la capacité de résilience des organisations ESS en temps de crise, dans un contexte où la recherche du bien commun n’apparait plus comme objet de politique publique. Il souligne que l’ESS reste innovante, ancrée localement, et doit créer des nouveaux droits, reconstituer les communs et réapprendre à coopérer.
Aurélie Chompret, secrétaire générale de l’Institut de Protection Social Européen (IPSE) a apporté un regard européen en soulevant les difficultés de construction d’une Europe sociale malgré l’existence de nombreux textes portant sur des sujets sociaux (la question de la santé au travail, la protection des travailleurs, les inégalités femmes-hommes, etc.). Dans le contexte de crise, 22 millions d’européens sont actuellement menacés de pauvreté ou d’exclusion sociale, et 60% des chômeurs européens n’ont pas reçu d’aide pendant la crise. Face à ce constat, la question de la lucrativité limitée et de sa reconnaissance dans l’antre européen devient un enjeu urgent.
Pascal Michard, président du groupe Macif, membre d’ESS Forum International rappelle que la Macif s’identifie aux valeurs de l’ESS (le bien commun étant une valeur particulièrement centrale) et se positionne comme acteur de transformation : en produisant de la valeur, certes économique, mais également sociale et solidaire. Il recommande de faire de la solidarité et du bien commun la boussole des plans d’action, pour éviter l’émergence de nouvelles fragilités : dans le cas de la Macif, qui se veut un acteur économique crédible et un acteur engagé dans la société, le choix a été fait, durant cette crise, de ne pas redistribuer à tous, mais aux plus fragiles.
Entre les deux tables rondes, le Grand témoin, Louis Gallois, ancien président de grandes entreprises publiques, président de la Fédération des Acteurs de Solidarité fait le constat d’une fracture sociale sur fonds de fracture territoriale et interpelle sur le rôle que l’ESS peut jouer comme solution grâce à son ancrage territorial et l’échelle à laquelle ses organisations abordent la productivité. Il rappelle que l’ESS représente 10% de l’emploi en France, et continue à créer de l’emploi.
Ce dynamisme de l’ESS et de ses acteurs, la seconde table ronde l’a développé davantage. Philippe Laurent, Maire de Sceaux, secrétaire général de l’Association des Maires de France a rappelé que la ville de Sceaux organise depuis près de dix ans un Forum de l’ESS depuis, et a mis en place un comité consultatif des transitions.
Anne-Catherine Husson-Traoré, directrice générale de NOVETHIC filière de la Caisse des dépôts a mis l’accent sur l’importance de la finance durable pour la résilience en période de crise, et dans l’atteinte des ODD. Elisabeth Javelaud experte en transition écologique, administratrice de Galilée.sp a, quant à elle, souligné la dimension transformatrice des transitions en cours, se concentrant sur les villes et villages. En France il y a 150 villes et villages en transition, à divers stades de cette transformation. Elle appelle à une convergence entre les initiatives citoyennes et l’action des services publics. Selon Bertrand Souquet, président de l’Institut Montparnasse , l’organisme qu’il dirige accorde une grande importance à la formation des dirigeants de l’ESS, aux échanges d’expériences, à la recherche qui croise les regards (économie, sociologie, philosophie, etc), et une ouverture aux acteurs européens et au-delà. Il rappelle que les principaux enjeux de l’ESS restent la proximité et l’ancrage territorial comme dit plus tôt, mais également l’essaimage et le changement d’échelle des projets ESS.
L’événement a été clôturé par la signature officielle du protocole d’entente entérinant la collaboration entre ESS Forum International, représenté par son co-président, Alain Coheur, et le CIRIEC International, représenté par le directeur général sa branche française, Alain Arnaud.