WEBINAIRE INTERNATIONAL DU RIPESS
Le séminaire organisé par le RIPESS avait pour objectif de présenter des réponses qu’apporte l’ESS et ses réseaux en période crise, en particulier en Amérique du Nord et en Afrique.
Béatrice Alain, de RIPESS NA Québec, rappelle qu’en Amérique du Nord les modèles d’affaires qui se sont répandus ne cherchent pour la grande majorité qu’à satisfaire les exigences des actionnaires, notamment sur le cas des EHPAD. Souvent la situation des établissements est précaire. Ils sont gérés comme des unités de business, la contagion y est mortelle. Elle souligne qu’au Québec il existe des réseaux d’aide aux personnes âgées qui permettent un maintien au domicile et un suivi. Toutefois, ces réseaux restent peu soutenus alors que 75% des organisations de l’économie sociale et solidaire répondent à des besoins communautaires. Les réseaux sont d’autant plus importants que les territoires en Amérique du Nord sont très vastes, rendant l’organisation difficile.
Il est donc nécessaire de tenir une réflexion structurante pour l’après crise puisque le modèle de développement actuel n’est pas durable, et accentue les inégalités sociales. Les acteurs de l’ESS ont toute leur place dans cette réflexion car ils peuvent mettre en avant ce qui fonctionne autrement, et se mettre en réseau afin d’apporter des réponses durables. Au Québec, ce dialogue social existe : les discussions doivent désormais s’approfondir, converger ; nous pouvons élargir la plateforme et la rendre plus constructive.
Madani Coumare, de RAESS Afrique, rappelle que chaque continent a ses spécificités. Si l’Afrique est le dernier à être touché et compte jusqu’à présent un nombre moindre de victimes, le continent reste peu préparé. Il appelle à réinventer le modèle de développement en se basant sur l’ESS. Dans un continent où les 2/3 de la population vivent de l’économie solidaire, la pandémie risque d’avoir de lourdes conséquences. Un confinement total ou partiel entrave la mobilité, ce qui équivaut à une perte de revenus pour ces acteurs.
Elise Pierrette Memong, également de RAESS Afrique, insiste sur la nécessité du plaidoyer. A Ouagadougou par exemple, les marchés devaient fermer plus tôt que d’habitude dans le cadre de la lutte contre le Covid-19. Or les producteurs dans la ville comme dans les villages alentours ont besoin de ces espaces pour vendre leur marchandise. Le plaidoyer a permis d’obtenir une révision de la mesure à condition d’une forte sensibilisation des vendeurs et clients aux gestes barrières. Elle donne également l’exemple de la négociation pour une baisse des taxes sur les produits des marchés au Burkina, le rôle des coopératives textiles au Mali dans la confection de masques locaux suite à une sollicitation du Président, ou encore la production de piments et de tomates du Cameroun habituellement exportée et désormais distribuée au sein du marché intérieur. La pandémie rappelle donc la nécessité de prioriser le marché local, en appuyant les initiatives de transformations des produits alimentaires ou encore la récolte de riz local à la place de l’importation, afin de réduire la dépendance vis-à-vis de l’extérieur.
Le RAESS élabore actuellement un plaidoyer pour que les pouvoirs publics soutiennent et reconnaissent les organisations de l’ESS car elles comptent parmi ceux qui apportent des solutions face à la crise. Cette voie est d’autant plus pertinente aujourd’hui que les jeunes s’investissent de plus en plus dans les modèles de coopératives.
Retrouvez l’intégralité de ce wébinaire et des discussions ici.